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Brice Dulin : désormais joueur du XV de France, retour sur une longue histoire agenaise

l’essentiel
Le retour sur le devant de la scène internationale de l’arrière natif d’Agen nous a donné envie de nous replonger dans les années bleues et blanches de ce surdoué du rugby.

À 31 ans, Brice Dulin arbore fièrement sur son short : SU Agen. Une façon comme une autre de remercier le SUA et ses éducateurs de lui avoir transmis les premiers rudiments du sport qu’il continue à faire briller aujourd’hui.

Pour parler de son premier maillot au SUA, un nom s’est imposé : Patrick Plaino. Non seulement il a suivi le jeune rugbyman à son arrivée chez les jeunes du Sporting, mais, du fait de son amitié avec la famille Dulin, il a presque guidé ses premiers pas.

“Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Brice n’a pas débuté au rugby mais à la pelote basque. Ses grands-parents habitaient en face du fronton et très tôt, il a appris à jouer. Très vite repéré par Jean-Pierre Thoumas, il a progressé à grands pas et est devenu plusieurs fois champion de France dans différentes disciplines. Droitier naturel, ses adversaires pensaient le battre en l’obligeant à jouer de la main gauche. Ils l’ont vite regretté. Il faut dire que son frère, Renaud, son aîné de onze ans, l’a toujours couvé et initié. L’un comme l’autre auraient réussi dans n’importe quel sport.” Pour la petite histoire, Renaud Dulin a débuté au foot, au SUA. Jeune, il a fait quelques matchs en première puis il s’est mis sérieusement au rugby à Dax, Mont-de-Marsan, Tarbes, Auch et fut international à VII. Aujourd’hui, il est directeur du centre de formation de Biarritz. “Son premier maillot de l’équipe de France à VII, il me l’a offert, sourit, ému, Patrick Plaino. Il figure en bonne place dans mon armoire aux souvenirs”.

En compagnie de son frère Renaud, Brice a 3 ans et déjà ce sourire enjôleur. Photo R. L.
En compagnie de son frère Renaud, Brice a 3 ans et déjà ce sourire enjôleur. Photo R. L.

Mais revenons à Brice. “En fait, son premier ballon, il l’a touché à la maison avec Renaud et mon fils, Lionel. Ils s’amusaient à taper des coups de pied (déjà des deux pieds) et avaient décidé que les poteaux seraient deux petits sapins plantés par mon épouse Odile. Les malheureux arbustes n’ont pas survécu longtemps”.

Comme il n’y avait pas de championnat de pelote basque dans les catégories cadets et juniors, il est venu au rugby, par esprit de compétition. À 13 ans, en minime, il signe au SUA. “Je ne l’ai jamais eu dans les équipes dont je m’occupais mais de toute façon je n’aurais rien eu à lui apprendre”. Très vite remarqué, il franchit tous les échelons jusqu’au titre de champion de France juniors Crabos en 2009 aux côtés de Mathieu Lamoulie, Alexi Balès, Antoine Erbani ou Benjamin Petre, avec lesquels il est international des moins de 19 ans.

Mais Brice, ce n’est pas seulement un sportif de très haut niveau, ce fut avant tout un petit garçon comme beaucoup d’autres, peut-être un peu plus remuant que la moyenne. Patrick se souvient de quelques moments savoureux : “Quand il était tout jeune, c’était un “agace cul” (sic), il aimait bien titiller les gens. Nous étions en vacances à la montagne avec ses parents. Un jour, alors que son père étant à la pêche, nous nous promenions avec sa mère le long d’un torrent. Soudain, Brice commence à jeter des cailloux dans l’eau et du même coup éclabousse sa maman. Je lui demande plusieurs fois d’arrêter mais il ne voulait rien entendre. Jusqu’au moment où je me suis un peu fâché et lui ai donné une tape sur les fesses. Très en colère, il me lance : “En arrivant à la maison, je dis à mon père que tu m’as frappé !” Il lui a dit effectivement mais a dû le regretter car son père a été plus sévère que moi !”

À 19 ans, Brice signe son premier contrat professionnel en même temps qu’Alexi Bales et Mathieu Lamoulie. C’est dire qu’il n’a pas souvent joué avec les jeunes de sa génération. L’un des responsables des Espoirs à cette époque était François Gelez, se souvient : “En fait, je ne l’ai eu qu’un un été à l’entraînement ! Il a disputé les deux premiers matchs avec nous et il est monté avec la Une pour jamais n’en descendre. J’ai vite compris qu’il était au-dessus du lot. Je crois que son premier match, il l’a fait à Béziers alors qu’il était encore junior. Quelque temps après, l’arrière titulaire s’étant blessé, Christophe Deylaud hésitait entre lui et Sofiane Guitoune. C’est pas mal quand on y pense aujourd’hui ! Je penchais plutôt pour Sofiane, lui pour Brice. Je me souviens notamment d’un match à Auch, pas évident pour lui parce qu’il avait son frère Renaud en face. Il tombait des cordes, beaucoup de chandelles, et ce jour-là on a compris qu’il prendrait le maillot 15 et qu’il ne le rendrait jamais. Il avait été impérial.”

Très jeune, Brice Dulin a été propulsé en Première. Couvé pendant une saison en Pro D2 par Pierre-Henry Broncan, il s’est révélé au grand public l’année suivante en Top 14. Photo Morad Cherchari.
Très jeune, Brice Dulin a été propulsé en Première. Couvé pendant une saison en Pro D2 par Pierre-Henry Broncan, il s’est révélé au grand public l’année suivante en Top 14. Photo Morad Cherchari.

“Ce que je retiens surtout de Brice, poursuit le vice-champion de France 2002, c’est son comportement sur le terrain. Souvent, les jeunes paraissent arrogants pour masquer leurs doutes. Lui, il avait une confiance en lui qui transpirait. C’est sa plus grande force. En fait, il n’a peur de rien et il franchit les obstacles avec une facilité qui semble dérisoire.”

On sent de l’admiration chez François Gelez avec ce regret de ne pas avoir profité davantage des exceptionnelles qualités de Brice très (trop à son gré) vite appelé au plus haut niveau par Christophe Deylaud, Christian Lanta et Henry Broncan qui était à l’époque le grand manitou de la formation au SUA. Y aura-t-il un ou plusieurs successeurs dans les équipes de jeunes ? Bien malin qui le dira dans cette période de disette. De toute façon, il faudra attendre quelques semaines sinon quelques mois pour découvrir cette éventuelle pépite.

Changement d’air salvateur cet été

On se doute que le départ de Brice à Castres en 2012 après avoir passé 10 ans au SUA a été un mauvais moment pour Patrick, mais il relativise. “Ce qui l’a incité à quitter le SUA, c’est sans doute qu’on ne l’avait pas fixé à l’arrière, son vrai poste. Il jouait souvent à l’aile mais voulait voir autre chose, et cela ne lui a pas trop mal réussi. Il reste très attaché à Agen où il vient souvent voir sa maman. Par la suite, la vie parisienne a été un peu compliquée. Renaud l’a beaucoup aidé mais même au point de vue rugby, ce n’était plus tout à fait le même. À La Rochelle, il s’est ressourcé et a retrouvé toutes ses qualités”.

Le renouveau de l’enfant d’Agen a été couronné, à l’automne, du titre honorifique de meilleur joueur de l’Autumn Nations Cup pour ses retrouvailles avec l’équipe de France. Samedi dernier, en Italie, Brice Dulin a encore brillé par sa justesse technique et son sens du jeu. Demain, son adresse naturelle sous les ballons hauts, certainement issue de ses années de pelotari, sera précieuse au XV de France en Irlande. Et s’il peut nous allumer quelques relances dont il a le secret, il rendra encore plus fiers et heureux tous ceux qui l’ont connu ici !

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