Ă Perpignan, le derby contre Narbonne ou BĂ©ziers est historique, face Ă Carcassonne, plus moderne.
Ă titre ancestral et culturel, dans les entrailles des Catalans, “les derbys pour lâUSAP, câest plus souvent contre Narbonne ou BĂ©ziers, que Carcassonne.” Les cartes sont-elles rebattues de nos jours ?
Jean-Marc Bourret, ancien ouvreur des sang et or et auteur de quatre pĂ©nalitĂ©s et dâun essai en vingt-cinq minutes lors dâun Carcassonne-Perpignan en 1985 (6-29), se souvient : “Les rencontres avec Narbonne avaient un goĂ»t particulier du fait de leur proximitĂ© et de leur raretĂ©. On se retrouvait souvent en phases finales plutĂŽt quâen championnat. Et lĂ , câĂ©tait une notion de suprĂ©matie Ă dĂ©fendre. Sur le terrain, les gens dĂ©fenseurs dâun territoire sâaffrontaient. Mais je garde de trĂšs beaux souvenirs avec Didier Codorniou et Michel Ponçot qui sont devenus de bons copains.” Contre Carcassonne, le dĂ©fi “est tout nouveau”, selon GĂ©rald Bastide, en charge de la dĂ©fense et de la technique individuelle Ă lâUSAP, finaliste sous le maillot sang et or en 1998 face au Stade Français (34-7) : “Câest un concurrent oĂč avant la qualitĂ© de jeu, lâengagement et la fiertĂ© figurent en premier. La beautĂ© dâun derby tient dans ses surprises. A lâimage en football dâun Lyon Saint-Etienne, que les Ă©quipes soient plus ou moins bien classĂ©es, Ă ce moment-lĂ , ça se nivelle. Elles se transcendent.”
“Bien sĂ»r que câest un derby !, claironne le demi de mĂȘlĂ©e Tom Ecochard arrivĂ© Ă 16 ans⊠de Narbonne ! DĂ©jĂ pour jouer Ă Carcassonne, on ne part pas la veille. Câest une Ă©quipe depuis 2014 qui nous est difficile Ă manĆuvrer chez elle, dans lâagressivitĂ©, le combat. Pour tout ça, câest un derby. MĂȘme si câest moins historique que face Ă Narbonne, qui est incontournable, et BĂ©ziers, qui nous tient Ă cĆur. Et puis, beaucoup de joueurs lĂ -bas ont Ă©tĂ© formĂ©s Ă lâUSAP.” Parmi lesquels, GaĂ«tan Pichon, RaphaĂ«l Carbou, Romuald Seguy. “Ils voudront faire la meilleure performance possible. Ăa reste une tradition dans le rugby”, reconnaĂźt Christian Lanta, manager gĂ©nĂ©ral de lâUSAP pour qui le match de vendredi “nâest pas un derby pur et dur mais en a la connotation au sens large, car ça reste en Occitanie.”
Dans les annĂ©es 80 puis vers 2010, le meilleur ennemi de lâUSC avait pour nom, Narbonne. Mais il y eut aussi par le passĂ© Castelnaudary, Limoux, Quillan, Fleury, Gruissan, Sigean/la Nouvelle et mĂȘme Ă une certaine pĂ©riode MontrĂ©al dâAude. Si bon nombre de ces Ă©quipes se produisent toujours dans le monde amateur, les Canaris sont Ă ce jour les uniques reprĂ©sentants de lâAude dans le monde professionnel, prĂ©sent dans le Top 30 national depuis plus dâune dĂ©cennie dĂ©jĂ . Aujourdâhui, ses rivaux les plus proches sont BĂ©ziers, Perpignan ou encore Colomiers. Ce vendredi, câest chez les Catalans quâils se produiront. Mais peut-on vĂ©ritablement parler de derby ?
Pour le flanker ClĂ©ment Doumenc, Carcassonnais pur jus, “le vrai derby, câest Carca – Narbonne, voire Carca – BĂ©ziers⊔ Avant de se raviser : “Allez, contre Perpignan, ça lâest aussi. Câest une question de rĂ©gion. Mais câest assez neuf contre lâUSAP qui fut longtemps en Top 14. Maintenant, il y a moins de rivalitĂ© historique quâil y a pu en avoir avec le Racing. Face Ă Narbonne, câĂ©tait le derby avec un grand D.”
LâentraĂźneur des trois-quarts carcassonnais, Julien Seron, Bourguignon de naissance arrivĂ© de Chalon-sur-SaĂŽne Ă Narbonne Ă lâĂąge de 17 ans, a un avis beaucoup plus tranchĂ©. “Non ! Historiquement, il nây a jamais eu des combats Carcassonne/Perpignan dâantan oĂč vraiment il y a une culture de clocher avec des villages entiers qui se dĂ©plaçaient pour soutenir leur Ă©quipe. Carcassonne est un club Ă©mergent dans le milieu professionnel. Je ne peux pas comparer ça Ă des Narbonne – BĂ©ziers, Narbonne – Perpignan ou BĂ©ziers – Perpignan. Ăa reste peut-ĂȘtre un derby dâOccitanie⊠Les deux villes sont Ă une heure lâune de lâautre.”
Reste quâavec lâavĂšnement du professionnalisme, la notion de derby est plus Ă©loignĂ©e de la pertinence quâelle pouvait avoir dans les annĂ©es 70 ou 80 oĂč les joueurs naissaient, vivaient et mourraient dans la mĂȘme ville ou ses environs.
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