Ă gauche, Patrick Arlettaz, Catalan nĂ© Ă Perpignan. ApĂŽtre du jeu Ă la toulousaine, on le dit anxieux, travailleur acharnĂ©. Ă droite, Christian Labit. VaccinĂ© (pas encore contre la Covid-19) Ă lâĂ©cole de Guy NovĂšs. On le dit champion de la psychologie humaine, optimiste et pragmatique, dâune franchise Ă couper le souffle. Beaucoup de choses opposent les deux hommes. Mais dâautres les rassemblent, comme lâamour sincĂšre quâils ont pour leurs joueurs. Avant chaque rendez-vous, notre journal avait pour habitude de leur tendre le micro. Cette fois, ceux qui les cĂŽtoient au quotidien parlent pour eux.
Arlettaz : le jeu avec cerveau, socle du systĂšme
Tout ou presque a Ă©tĂ© dit, Ă©crit et entendu au sujet de Patrick Arlettaz. Cet adepte du “je” collectif, un “ peu torturĂ© “ comme lâa reconnu Laurent Arbo sous ses airs bourrus possĂšde une grosse capacitĂ© dâanalyse, dâanticipation et de rĂ©flexion. Ses mots sont pesĂ©s et trĂšs souvent ils rĂ©galent.
Celui qui aurait trĂšs bien pu embrasser la fonction de professeur de mathĂ©matiques comme sa maman transpire la passion, lâessence mĂȘme de ce sport de combat.
Acebes : “Il nâest pas lĂ Ă des fins personnelles”
“Il est pour beaucoup dans le renouveau de lâUSAP depuis le dĂ©part du duo Gelez-Benetton” dit de lui, son capitaine Mathieu Acebes, arrivĂ© au club en 2016. “Il ne passera pas par quatre chemins pour vous dire les choses. Il a une philosophie de jeu et il lâassume. Il est simple et droit. Câest une chance pour ce club de lâavoir comme entraĂźneur. Il nâest pas lĂ Ă des fins personnels, mais pour faire entrer le club dans une autre catĂ©gorie et tout le travail quâil fait, il le fait pour que lâUSAP existe en Top 14” rajoute le trois-quarts polyvalent.
LâUSAP dans le cĆur et dans la peau, pour celui qui sait faire la part des choses. “En famille, le rugby nâest pas le sujet prioritaire”, assure son beau-frĂšre, Gilles Coronat, ancien pilier du XIII Catalan, entraĂźneur des jeunes Ă lâUSAP depuis quatorze ans et actuellement au chevet des cadets. “Tout le monde sait que câest un passionnĂ© et il a beaucoup de convictions par rapport Ă sa vision du jeu et Ă sa maniĂšre de coacher. Mais avant tout, il aime ses joueurs, câest la base et il ne trahira jamais ni ses joueurs, ni ses convictions. Câest une grosse personnalitĂ© et quand il parle rugby, les gens adhĂšrent, câest difficile de ne pas lâĂ©couter” explique, le maraĂźcher de Saint-Nazaire, qui prĂ©cise que “sa philosophie de jeu Ă©volue, mais les bases restent, tout comme les valeurs historiques du rugby Catalan, Ă XV comme Ă XIII”.
RiviĂšre : “Il nâest pas dans le star-system”
“Câest quelquâun, qui sous ses cĂŽtĂ©s durs et un hypersensible” apprĂ©cie le prĂ©sident François RiviĂšre qui parle dâun “entraĂźneur intelligent qui a fait maths sups et maths spĂ©. Il tient assez bien la pression et il nâest pas dans le star-system. Il y a un collectif autour de lui avec Christian Lanta, ses adjoints et le directeur gĂ©nĂ©ral, Bruno Rolland. Ce nâest pas la personnalisation dâune personne. Et puis, Patrick a cette capacitĂ© de remise en cause, il ne perd jamais son humanitĂ© qui est le socle des relations humaines”.
Encore une fois, tout le monde se lĂšve pour “Arlette”. Rien dâĂ©tonnant pour ce technicien passionnĂ©, adepte du jeu et de ses acteurs et surtout apprĂ©ciĂ© pour sa sincĂ©ritĂ© et son honnĂȘtetĂ©.
Labit : la confiance en Ă©tendardÂ
HĂ©, lâan dernier, je vous dis quâon va Ă Perpignan pour gagner et vous me mettez ça en titre (rires) ! Conclusion, je me fais chambrer tout le match et on en prend cinquante (53-10). Donc cette fois, on y va pour perdre, voilĂ !”.
Vendredi dernier, Ă lâissue de la victoire contre Montauban, câest un Christian Labit taquin et de bonne humeur qui se prĂ©sente en confĂ©rence de presse, rassurĂ© par la deuxiĂšme victoire consĂ©cutive de ses “hommes” Ă la maison. Il est comme ça, Christian. Entier, fidĂšle, “bon client” pour la presse.
Calamel : “Il est atypique”
On aime ou on nâaime pas, avec “Nash”, câest noir ou blanc, mais jamais gris : “ Câest un mec franc, confirme le deuxiĂšme ligne Romain Manchia qui Ă©tait dĂ©jĂ sous ses ordres Ă Narbonne, avant de le suivre Ă lâUSC. Câest quelquâun qui aime manager les hommes, il est fĂ©dĂ©rateur pour lâĂ©quipe”.
Un entraĂźneur qui se bat, dĂ©fend ses joueurs. En retour, ils sont capables de se transcender pour lui. Lorsquâil est Ă 200 %, lâancien troisiĂšme ligne international peut faire des miracles. Pour ça, il a dâabord besoin dâĂȘtre en confiance. Câest le cas Ă Carcassonne oĂč le prĂ©sident FrĂ©dĂ©ric Calamel lui laisse carte blanche sur Ă peu prĂšs tout. Aussi, ce nâest pas pour rien quâil a liĂ© son aventure Ă celle de son prĂ©sident-ami : “ Sâil arrĂȘte, je pars”. “Câest un homme droit, poursuit Calamel. Il est fidĂšle en amitiĂ©, entier, aimant gagner plus que tout. Câest un personnage quelque peu atypique dans ce milieu du rugby professionnel”. Au sein de son staff, “il dĂ©lĂšgue pas mal de choses aux entraĂźneurs”, explique Manchia. Autrement dit, “Nash”, il est lĂ au dĂ©but, Ă lâarrivĂ©e, mais ensuite il laisse fonctionner la machine.
Cidre : “Il sait dĂ©tendre lâatmosphĂšre”
En interne, on le dit “patient” et “distancĂ©”, “moins dans lâĂ©motion, plus dans lâempathie, plus pragmatique”. Ce que confirme son entraĂźneur des avants, Mathieu Cidre, qui a jouĂ© sous ses ordres, et qui partage dĂ©sormais son quotidien depuis 2017 : “Je vais ĂȘtre trĂšs cartĂ©sien quand, lui, il est plus Ă lâinstinct. Il a cette capacitĂ© Ă deviner le jeu de lâĂ©quipe adverse, Ă choisir les bons hommes pour le bon match. Il a son aura, sa vision du rugby. Il essaie dâĂȘtre dans le partage, la complicitĂ©, de dĂ©tendre lâatmosphĂšre. Il nous dit souvent que lâon doit sâadapter Ă lâenvironnement dans lequel on est”. Capable de faire sauter un entraĂźnement pour aller Ă la chasse, Labit assume, sâassume. Il faut dire que son carnet dâadresses a de quoi rendre jaloux ses confrĂšres. Alors, sâil nâest pas un grand technicien, si les stats lui donnent de lâurticaire, il parvient souvent Ă tirer la quintessence dâun groupe, Ă rendre des joueurs meilleurs pour rivaliser face aux meilleurs. “Il sait aussi les piquer quand il faut”, rappelle Cidre. Plus quâun prĂ©parateur mental…
Le stratÚge et le guerrier selon Eric Tréséné
En 1994, il est lâauteur dâun drop dâune soixantaine de mĂštres lors de la finale du challenge Yves du Manoir gagnĂ©e par lâUSAP face Ă Montferrand (18-3). Dans sa vie personnelle et rugbystique, il a cĂŽtoyĂ© les deux hommes Ă la tĂȘte des effectifs de lâUSAP et de lâUSC. Lâancien arriĂšre sang et or, Ăric TrĂ©sĂ©nĂ©, se confie.
Patrick Arlettaz et Ăric TrĂ©sĂ©nĂ© ont portĂ© ensemble le blason sang et or : “Patrick, plus jeune que moi, sâest trĂšs vite greffĂ© au groupe. CâĂ©tait un joueur pĂ©tri de talent, trĂšs orientĂ© vers lâoffensif, il relançait les ballons. CâĂ©tait un trĂšs bon coĂ©quipier, rĂ©ceptif Ă ce qui se disait.” Dans les vestiaires ? “Avec les Arbo et Plana, câĂ©taient des jeunes avec dâĂ©normes qualitĂ©s, ils Ă©taient lĂ pour progresser.” Aujourdâhui Ăric TrĂ©sĂ©nĂ© ose un parallĂšle : “Jâidentifie Patrick en tant quâentraĂźneur sur ce quâil Ă©tait joueur : un trĂšs bon stratĂšge. Il arrive Ă lier le sĂ©rieux dĂ©fensif et lâenthousiasme sur lâattaque.”
Quant Ă Christian Labit, quâil cĂŽtoie sur Narbonne : “On ne le prĂ©sente plus.” “Quelles qualitĂ©s !, sâenthousiasme-t-il Ă propos de lâancien troisiĂšme ligne centre du Stade toulousain. CâĂ©tait un vrai guerrier, un joueur haut de gamme.” Par son statut dâinternational, “câĂ©tait un trĂšs bon dĂ©fenseur et offensivement il mettait du jeu en place.” LâentraĂźneur quâil est devenu, Ă son sens, “nâa pas les moyens des autres clubs mais il est intĂ©ressant de voir quâil fait de bonnes choses, comme contre Montauban la semaine derniĂšre (victoire 23-17, NDLR).” Quant au copain, “il est trĂšs attachant. Jâaurais aimĂ© jouer avec lui pour voir ce quâon aurait fait ensemble.”
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