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Montauban. Le parcours majuscule de la famille Malavelle

l’essentiel
Le nom Malavelle rĂ©sonne dans le sport tarn-et-garonnais, entre autre avec Jean-Pierre champion de France en 1967 avec l’ USM et le fiston Jean-Michel, prĂ©sident du MFC-TG.

Jean-Michel Malavelle avait sans doute besoin de parler de sa vie de sportif, du chemin de son enfance marquĂ© par la disparition tragique de son champion de pĂšre, Ă  un Ăąge (5 ans) oĂč la prĂ©sence paternelle est primordiale dans la construction ; Jean-Pierre, tout aurĂ©olĂ© du cĂ©lĂšbre titre de champion de France 1967, a laissĂ© la trace d’un rugbyman tournĂ© vers l’offensive, bourrĂ© de ce talent qui illustrait le rugby d’évitement cher aux frĂšres Boniface. Dans une famille oĂč l’Ovalie avait portĂ© l’oncle Michel sur la cĂ©lĂšbre pelouse du stade BĂ©guerre de Lourdes, ou celle, ancestrale, d’Ernest Wallon avec le mythique maillot du Stade Toulousain, l’actuel prĂ©sident du MFC-TG trace sa route dans la lignĂ©e familiale, avec conviction, patience, et dĂ©termination ; si le respect guide sa dĂ©marche, le partage et le souci de donner aux autres semblent guider la dĂ©marche de ce prĂ©sident qui n’a jamais souhaitĂ© faire passer la charrue avant les bƓufs. TĂ©moignage !

Au rugby, votre pĂšre Jean-Pierre a Ă©tĂ© champion de France avec l’USM, votre oncle Michel a jouĂ© dans deux clubs historiques (Lourdes et Stade Toulousain) ; vous avez goĂ»tĂ© au foot amateur de haut niveau (D3 aux Fontaines) et un tout petit peu au rugby Ă  l’USM. Et vous ĂȘtes aujourd’hui prĂ©sident du MFC-TG depuis 2008. Pas vraiment un hasard et un record Ă  ce poste !

Je dois avoir une importante sĂ©quence gĂ©nĂ©tique en rapport avec le sport ! J’ai fait mon bonhomme de chemin sur les terrains et maintenant en dehors, mais il est indĂ©niable que j’ai besoin de cet environnement qui, au mĂȘme titre que ma famille, me rend heureux et participe Ă  mon Ă©panouissement. En devenant dirigeant j’ai souhaitĂ© donner du temps aux pratiquants comme d’autres l’ont fait lorsque j’étais joueur, ce dont on ne prend pas toujours conscience quand on est jeune
 En devenant prĂ©sident, ma volontĂ© est d’Ɠuvrer pour structurer l’association, en faire un lieu d’accueil de qualitĂ© pour les licenciĂ©s, un lieu de partage et d’échanges, et pas uniquement une usine Ă  rĂ©sultats, ce qui ne veut pas dire que je n’aime pas voir les Ă©quipes du club gagner.

Tant que j’aurai de l’énergie, la confiance des dirigeants, des Ă©ducateurs, des collectivitĂ©s et des partenaires et quelques idĂ©es, je m’attellerai Ă  la tĂąche.

Votre pĂšre Ă©tant dĂ©cĂ©dĂ© accidentellement alors que vous Ă©tiez trĂšs jeune, c’est sans doute votre environnement familial qui vous a parlĂ© de l’homme et du joueur, un centre au tempĂ©rament de feu.

Je n’avais pas tout Ă  fait 5 ans au moment de son dĂ©cĂšs (NDLR : le 24 fĂ©vrier 1972). Un gros tempĂ©rament papa ? Oui il paraĂźt, surtout quand il fallait attaquer car la dĂ©fense n’était pas (apparemment) son point fort ; il y a lĂ  aussi des chromosomes communs ! D’aprĂšs ses coĂ©quipiers de l’époque, il Ă©tait un beau joueur, crĂ©atif, vif, pĂ©tri de talent, selon l’expression, mais peut-ĂȘtre se reposait-il trop sur ses qualitĂ©s naturelles, ou peut-ĂȘtre pas n’était-il pas suffisamment ambitieux. Mais lorsqu’on devient champion de France Ă  20 ans, il est possible que le prisme de la vie Ă©volue.

On me parle bien sĂ»r de la vie d’adolescent de papa, de jeune adulte ; mais lorsqu’on disparaĂźt Ă  25 ans, si injustement, tellement de choses restent Ă  faire, tellement d’aventures restent Ă  vivre, Ă  partager, une femme, des enfants et des amis Ă  aimer.

Peut-ĂȘtre ce destin m’a poussĂ© inconsciemment Ă  privilĂ©gier ces sensations de jeu et de plaisir au dĂ©triment de la recherche de la performance au cours de ma vie sportive ; je tente de compenser aujourd’hui ces carences en donnant le meilleur de moi-mĂȘme dans ma mission de prĂ©sident.

Est-ce que vous avez puisé dans ce malheur familial cette force qui semble vous animer envers le sport et ce besoin qui vous pousse à servir la jeunesse ?

Dans mon esprit, il y a effectivement un hĂ©ritage dont je veux ĂȘtre digne : faire aussi bien que mon pĂšre sur le terrain Ă©tait une mission impossible ; je mets donc beaucoup d’énergie dans la rĂ©alisation de ma mission de dirigeant.

Avez-vous portĂ© vous-mĂȘme le maillot vert et noir ?

Oui, une saison Ă  l’ñge de 20 ans, car un peu fatiguĂ© du football et sĂ»rement pour rĂ©pondre Ă  un besoin. Elle a Ă©tĂ© qualitativement trĂšs modeste mais m’a rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© et fait beaucoup de bien ; j’ai rencontrĂ© cette annĂ©e-lĂ  l’esprit rugby dans lequel je me suis senti trĂšs Ă  l’aise, laissant imaginer dans l’esprit que ma place Ă©tait lĂ .

Parfois je regrette de ne pas avoir continuĂ© l’aventure.

On a l’impression que votre action auprùs de la jeunesse est un hommage rendu à votre papa ; histoire de donner ce que l’on vous a pris de meilleur ?

Certainement ! J’ai sĂ»rement envie de voir profiter les jeunes de leurs belles annĂ©es.

En dehors de toutes les frustrations qui vous lient Ă  votre pĂšre, il est un homme qui a marquĂ© votre jeunesse sportive : Robert Keuleyan, un grand serviteur de la jeunesse, Ă©ducateur d’un autre monde ; il fait partie de ces gens qui illuminent une histoire humaine.

Effectivement ; il a trĂšs fortement marquĂ© plusieurs gĂ©nĂ©rations d’adolescents qui ont eu la chance de passer par la classe foot de Salies-du-Salat ; M. Keuleyan a participĂ© Ă  ma construction et l’a forcĂ©ment, et certainement influencĂ©e. 40 ans plus tard il est toujours lĂ , Ă  mes cĂŽtĂ©s et j’échange le plus rĂ©guliĂšrement possible avec lui. Son avis compte. Le premier article de la dĂ©pĂȘche en 1980 portant sur la classe foot titrait : “Quand on a que le rĂ©sultat Ă  offrir
.” Tout Ă©tait dit.

“Le MFC-TG n’est pas devenu un club de foot fĂ©minin”

L’histoire du MFC-TG se poursuit avec une Ă©quipe fĂ©minine en Division 2 depuis quelques annĂ©es (il est Ă  l’origine de la crĂ©ation de la section avec le prĂ©cieux CĂ©dric Bertrand). LĂ  encore, la satisfaction de J2M est immense avec deux autres Ă©quipes en RĂ©gional 1 et 2 : “C’est une formidable aventure, sportive et humaine qui a apportĂ© beaucoup de fraĂźcheur. Le 25 juin 2017, date du match retour vainqueur de barrages contre l’OGC Nice, dans un stade en folie signifiant l’accession en D2 F, reste sĂ»rement le plus beau moment de ma vie de dirigeant ; quelle Ă©motion ! Cette progression aussi rapide n’était pas calculĂ©e, et nous nous attachons, depuis, Ă  structurer la section fĂ©minine car nous souhaitons rester Ă  ce niveau, fidĂ©liser les joueuses et ĂȘtre donc en capacitĂ© de nous auto-alimenter au maximum en termes d’effectif. Recevoir l’ASSE, le FC Nantes, l’OGC Nice, l’OM ou les Girondins de Bordeaux nous rend heureux. Je prĂ©cise enfin que cette section, et son Ă©quipe phare en particulier, n’a pas Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e au dĂ©triment de, et que le club n’est pas devenu un club de foot fĂ©minin”. La preuve, les garçons Ă©voluent en RĂ©gional 1 mais ne parviennent pas Ă  retrouver le meilleur niveau (R1 et championnat national).

“Je passerai la main sans aigreur et sans amertume”

Le prochain chantier du prĂ©sident ? “Le sujet est complexe car le football amateur senior en est tout autant. Tout d’abord je rappelle que l’équipe est au niveau auquel nous l’avons trouvĂ© et que notre Ă©chec, si on considĂšre que cela en est un, est de ne pas rĂ©ussir Ă  la faire remonter. Nous avions d’autres prioritĂ©s en reprenant le club, la principale Ă©tait la rĂ©gularisation d’une situation financiĂšre catastrophique. Le club Ă©tait au bord de la disparition pure et simple. N’étant ni un capitaine d’industries, ni un Ă©mir du Qatar, ni un magicien capable de rĂ©gler le problĂšme avec un seul chĂšque, j’ai dĂ», avec le soutien des deux coprĂ©sidents, serrer les boulons, faire des choix, jusqu’à crĂ©er de la frustration ; car dire non n’est jamais agrĂ©able, ni pour celui qui le dit, ni pour celui qui l’entend ; il n’y avait pas d’autres chemins. Ce n’est pas trĂšs populaire, mais ce n’est pas pour le devenir que j’ai acceptĂ© cette mission ! Nous avons donc beaucoup travaillĂ©, Ă  la fois pour reconstituer l’école de foot et la prĂ©formation, fleuron du club depuis toujours, et socle de sa pĂ©rennitĂ©. Nous avons souhaitĂ© regagner la confiance des collectivitĂ©s et des partenaires privĂ©s ; tout cela prend du temps, beaucoup de temps.

Trouver des fonds, des emplois pour stabiliser des joueurs n’est pas simple.

Nous n’avons donc pas pu mettre les moyens nĂ©cessaires pour booster l’équipe fanion. Mais depuis deux ans, les choses ont changĂ© car le club est qualitativement structurĂ©, la situation financiĂšre est enfin assainie et le complexe livrĂ© est opĂ©rationnel. Nous avons mis en poste un jeune entraĂźneur ambitieux, pleinement investi, qui a construit un groupe de joueurs Ă  l’écoute, pour la grande majoritĂ©, formĂ© au club ; le football trĂšs offensif mis en avant doit nous amener vers un niveau supĂ©rieur. La crise sanitaire a contrariĂ© nos objectifs l’an passĂ©, va vraisemblablement le faire cette saison encore ; mais je sais que ce groupe rĂ©pondra prĂ©sent dĂšs que la compĂ©tition reprendra. L’ensemble du club est derriĂšre lui”. Des garçons qui viennent d’ĂȘtre Ă©liminĂ©s aux portes du 8e tour de la Coupe de France. On le voit, le travail ne manque pas pour Jean-Michel Malavelle. PrĂ©sent pour durer ? “En fait je n’ai rien signĂ© du tout ; j’avance avec mon Ă©quipe et nous tentons d’ĂȘtre constructifs. Le moment viendra oĂč il faudra passer la main ; je le ferai sans amertume, sans aigreur et en laissant la place propre”.

Le petit bijoudu Ramier

Jean-Michel Malavelle, c’est aussi bien entendu le MFC-TG, un club qui grandi au fil des ans et qui vient notamment de se doter du splendide complexe Jean-Verbeke, au Ramier. Une fiertĂ© : “C’est une immense satisfaction, un magnifique cadeau fait par la ville de Montauban, et nous allons tĂącher d’en ĂȘtre dignes. Nous sommes impatients de crĂ©er Ă  nouveau des Ă©vĂ©nements, de la convivialitĂ©. Notre objectif est de faire de ce complexe quelque chose de plus grand qu’un simple lieu de rencontres sportives. Le MFC avait connu, notamment sous la prĂ©sidence du regrettĂ© Raymond Tressens une embellie en TroisiĂšme division, finances saines Ă  l’appui. Aujourd’hui, celui qui laisse cette trace indĂ©lĂ©bile appelĂ©e “Les annĂ©es Tressens”, semble totalement tombĂ© dans l’oubli. À quand un terrain Raymond Tressens ou une tribune de ce nom ? Je pense que la direction actuelle sait rappeler l’histoire du club, sans ĂȘtre clivant, sans la juger ; et la mĂ©moire de Raymond Tressens sera honorĂ©e de façon certaine sur le complexe. Mais je souhaite prĂ©ciser, au-delĂ  de M. Tressens, que la relation du club avec son histoire pourrait ne pas ĂȘtre Ă  sens unique, et que nous apprĂ©cierions d’une façon gĂ©nĂ©rale un peu plus de soutien de la part des anciens toutes gĂ©nĂ©rations confondues. Personnellement je suis ravi de participer Ă  cette belle aventure. Je rĂ©pondrai en citant Julien Clerc qui a titrĂ© une de ses belles chansons “utile”, et j’ai envie de l’ĂȘtre, et Ă©galement Winston Churchill qui a dit trĂšs justement : “On gagne sa vie avec ce que l’on reçoit, mais on la bĂątit avec ce que l’on donne”.

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